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DON QUICHOTTE A BARCELONE
21 planches 30 x 40 cm photocopie, dessin, collage, photo, transparents. Mai – Juin 2005
Ça devait arriver. En cette époque de commémoration de Cervantes, mon très Dadaiste complice Catalan, JORDI CERDA, m’a proposé de poursuivre l’aventure « Parallélisme «, en se penchant cette fois sur le cas « Don Quichotte, à Barcelone ». Mais pourquoi faire comme tout le monde ? Jordi a proposé que ce travail en commun, ne soit présenté qu’après l’année des célébrations officielles. J’étais très tenté par le projet, mais pouvais-je faire une infidélité à Kafka ? Ce ne fût qu’une pause. J’ai alors relu « Don quichotte », qui m’avait tant plu autrefois, en prenant beaucoup de notes sur les chapitres consacrés à ses aventures Barcelonaises. Et j’ai curieusement trouvé des passerelles entre ces deux auteurs. Lorsque Don Quichotte s’extasie sur le fait que la justice, en ce pays, est une si bonne chose qu’elle s’applique même entre voleurs, on pouffe d’un rire jaune, en pensant, entre autre au « Procès ». Mais quand Joseph K., le Disparu d’América, tombe d’une aventure, en une autre tout aussi désastreuse, comment ne pas songer aux pauvres Don Quichotte et Sancho Pença, mis à bas de leurs montures, en pleine « gloire », par les facéties de quelques garnements ! Sur les photocopies des pages d’une édition ancienne du « Don Quichotte », dans les chapitres concernant ses aventures à Barcelone, Jordi Cerda a posé ses marques, ses traces, perfides et truculentes, sur la page de droite. Puis il m’a envoyé le tout en me souhaitant bonne chance, pour les pages de gauche. Encore dans l’imbroglio des images créees pour « Devant la Loi », j’ai réfléchi plusieurs semaines, avant de me décider pour une série de photo-montages , qui mélangent le dessin, les reconstitutions pseudo-historiques, les montages illusionnistes entre cavaliers et montures, et utilisent toutes les ressources de la photo et de la vidéo, y compris les incrustations sur fond bleu. J’ai puisé des documents dans les milliers de diapositives dont je dispose, concernant les 16°, 17° et 18° siècles, en peinture, en Europe et en Espagne en particulier. Jordi a photographié des édifices, dans le Bario Gothico de Barcelone, où Cervantès était effectivement passé. Eric Plateau, un ami artiste et pince sans rire, accepta avec joie d’être un Don Quichotte, cuirassé dans une armure faite de carton d’emballage, et de morceaux de tuyaux en plastique, portés sur un « marcel » bleu. J’avais ainsi réuni tous les matériaux dont j’avais besoin. Le principe de la superposition des vues en vidéo, m’a donné la clef pour réaliser ces images sur des rhodoïdes transparents, laissant voir par endroits le texte ( au travers ), le tout répondant sans plagiat, aux propositions de Jordi Cerda. Dans la première image, Don Quichotte et Sancho Pança arrivent de la gauche. L’image presque en noir et blanc, évoque le récit cinématographique d’un vieux film. Puis la couleur va s’affirmant, sans jamais atteindre au réalisme ou au didactique. Mais à la dernière image, Don Quichotte vaincu, repart vers la gauche, d’où il était venu. Dans une ambiance grisâtre, il tourne la tête une dernière fois vers ce qu’il abandonne. Le rêve est brisé.
Claude Jeanmart 09 - 2005